La Sécurité civile renforce ses capacités face à la menace terroriste

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Ce lundi 22 mars consacrait le cinquième hommage aux victimes des attentats qui ont tristement marqués l’histoire de la Belgique. Au lendemain des attentats, la DG Sécurité civile s’est efforcée d’en tirer des enseignements et a renforcé sa capacité d’intervention face à cette nouvelle menace.
© Gwenn Corbisier

La DG Sécurité civile s’est notamment dotée de matériel spécialisé afin d’améliorer ses capacités d’intervention face à la menace d’attentat à caractère CBRN (chimiques, biologiques, radiologiques & nucléaires), a contribué à l’élaboration d’une doctrine CBRN permettant à toutes les disciplines de parler le même langage et d’adopter les mêmes réflexes et a organisé plusieurs exercices de simulation. Enfin, les Casualty Extraction Teams ont été constitués, des équipes d’intervention spécialisées de pompiers pour le sauvetage de victimes d’attentat.

La Protection civile spécialisée en risques CBRN

La Protection civile s’est équipée en matériel spécialisé afin de renforcer ses capacités d’intervention face à la menace d’attentat à caractère CBRN en se dotant :

  • De deux nouvelles unités de décontamination qui permettent d’augmenter  le déploiement  de son dispositif de décontamination et le débit de prise en charge de personnes contaminées.
  • D’un appareil de détection de gaz de guerre à longue distance (SIGIS, Scanning Infrared Gas Imaging System) qui permet de délimiter rapidement l’étendue d’une zone contaminée. Il peut être placé de manière préventive lors de grands événements.
  • D’un ensemble d’appareils de mesure permettant de détecter des toxines de guerre.
  • D’un laboratoire mobile permettant de réaliser des analyses approfondies sur le terrain, à proximité immédiate d’une zone contaminée. Ce dispositif permet de déterminer beaucoup plus rapidement le degré de dangerosité de la situation : présence de substances dangereuses, ampleur d’une contamination et risque de diffusion dans l'atmosphère. Les résultats de ces analyses permettent de conseiller les responsables des opérations sur les actions spécifiques à mener, par exemple d’évacuation ou de décontamination.
  • De matériel de télécommunication afin de pouvoir fournir aux différentes disciplines sur le terrain un panel élargi de moyens de communication (réseau Astrid, Wifi, 4G, satellite, etc.).
  • De matériel IT permettant de mettre en œuvre un centre de crise décentralisé.

Toujours dans le domaine des risques CBRN, la Protection civile a collaboré à plusieurs niveaux (fédéral, régional, inter-service, etc.) à l’élaboration d’une doctrine CBRN permettant à toutes les disciplines de parler le même langage et d’adopter le même type de mesures réflexes.

 

La Protection civile a notamment collaboré :

  • À la rédaction de l'arrêté royal portant fixation du plan d'urgence national relatif à l'approche d'un incident criminel ou d'un attentat terroriste impliquant des agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRNe) ;
  • À la conception du PPUI (plan particulier d’urgence et d’intervention) « Terrorisme » de la Région Bruxelles-Capitale ;
  • Au développement d’une coopération accentuée avec le SIAMU Bruxelles-Capitale (procédures d’appel en renfort, pré positionnement, etc.) ;
  • À la mise en place d’un soutien de la Protection civile à la police scientifique dans la recherche d’indices sur des scènes de crimes à caractère CBRN ;
  • À la mise en œuvre d’un nouveau plan de collaboration avec le DVI (disaster victim identification team) de la police fédérale pour accueillir les infrastructures du DVI (ante mortem et post mortem) dans les deux unités de la Protection civile et apporter le soutien logistique nécessaire y afférent.

Enfin, la Protection civile a participé ou organisé plusieurs exercices multidisciplinaires :

  • Des exercices « terrorisme » dans différentes provinces. Dans ce cadre la Protection civile a généralement mis à disposition ces moyens de coordination (bus de commandement, personnel gérant les flux d’informations et tous les moyens IT et Télécom nécessaires).
  • Deux exercices internationaux réalisés en Belgique :
    • Les 19 et 20 juin 2018 dans la caserne militaire de Peutie s’est déroulé l’exercice international BIO-GARDEN de réponse à une menace bioterroriste. Acteur majeur de la communication face à une attaque terroriste, la Protection civile y a mobilisé ses moyens spécialisés.
      Véritable poste de commandement multidisciplinaire, le bus PC-OPS de la Protection civile rassemble les responsables des disciplines déployées sur le terrain des opérations (Police, Défense et Protection civile). Le bus de commandement est équipé d’accès internet et satellite, de systèmes de communication audiovisuelle et de partage d’information.
      Les agents spécialisés TAST (Technical Assistance Support Team) de la Protection civile sont capables de gérer en temps réel le recueil, le flux et la transmission des informations entre tous les acteurs, facilitant ainsi la prise de décisions rapide et la coordination des opérations. Leur rôle est également majeur pour réceptionner et diffuser les résultats des analyses effectuées par les laboratoires.
      Le scénario de l’exercice simulait la découverte du laboratoire clandestin soupçonné de produire des agents biologiques pathogènes, avant de pénétrer sur le site potentiellement contaminé, la police a fait appel aux agents spécialisés de la Protection civile pour prendre des mesures. Ces mesures permettent non seulement d’évaluer la nature et l’ampleur du risque biologique mais aussi les tenues de protection individuelles nécessaires pour les intervenants et le niveau de mesures de sécurité à prendre en urgence pour protéger la population.
      Le laboratoire mobile de la Protection civile, présenté lors de l’exercice, pourrait être une ressource spécialisée supplémentaire pour réaliser sur le terrain une analyse plus poussée permettant d’affiner les mesures de sécurisation à  prendre rapidement.
    • Le mardi 26 novembre 2019 a eu lieu l’exercice Stayin’ Connected sur le terrain de l’Unité opérationnelle de la Protection civile de Brasschaat. Un incident terroriste impliquant des substances biologiques y a été simulé dans un contexte fictif à l’étranger. L’exercice était organisé afin d’entraîner les capacités spécialisées pour les incidents CBRNe (chimiques, biologiques, radiologiques, nucléaires et explosifs) dans des conditions particulières ainsi que pour tester les possibilités d’information et de communication réciproques.
       

Les Casualty Extraction Teams, des équipes d’intervention spécialisées de pompiers pour le sauvetage de victimes d’attentat

Si les pompiers interviennent régulièrement dans un environnement non-conventionnel, caractérisé par la présence de différents risques, qui nécessitent de strictes mesures de sécurité auxquelles ils sont formés, force est de constater qu’à la suite d’un attentat, ils sont confrontés à des conditions de travail que l’on peut qualifier d’exceptionnelles voire d’extrêmes. Afin de les préparer à agir dans un contexte très particulier post-attentat, le Centre fédéral de connaissances pour la sécurité civile (KCCE) a développé de nouvelles formations. Ces formations ont mené à la constitution de Casualty Extraction Teams (CET), des équipes de pompiers spécialisées, destinées à secourir et évacuer les victimes grièvement blessées lors d’une attaque terroriste.

Ces formations visent tout d’abord à initier les pompiers aux dangers et conséquences des attentats terroristes, afin qu’ils soient en mesure de mener leurs interventions dans des conditions plus sécurisées. Dispensées dans les écoles du feu, elles sont accessibles à tous les pompiers, et ont bénéficié de l’apport d’experts de l'Académie nationale de police (ANPA), ainsi que du SEDEE (Service d'enlèvement et de destruction d'engins explosifs) et de la composante médicale de la Défense.

  • La formation Terror Awareness se concentre essentiellement sur la sensibilisation à l’environnement des interventions post-attentat et aux éléments auxquels il faut prêter attention en tant que pompier lors de l'arrivée sur les lieux d'une attaque terroriste, d’une tuerie de masse ou d’une prise d’otage : déroulement d’une explosion et possibilités d’en réchapper, dispositifs pièges, types d'armes et de balles et avantages et inconvénients des gilets pare-balles, procédure d’intervention de la police et déploiement d'une collaboration multidisciplinaire, etc.
  • La formation Tactical Emergency Casualty Care (TECC) est principalement axée sur les soins et traitements à apporter en cas de « blessures de guerre », telles que des membres sectionnés par une bombe ou des blessures par balle avec d’importantes hémorragies.

Les CET sont composés de pompiers correspondant à un certain profil de fonction, ayant réussi la procédure de sélection ainsi que la formation CET, qui comprend les cours approfondis de Terror Awareness et TECC, complétés par un entraînement et des exercices en compagnie d’unités spécialisées de la police. Ce qui permet aux CET d’aligner au mieux leur fonctionnement sur celui de la police.

En effet, les CET devant intervenir dans des situations potentiellement dangereuses et fort différentes des interventions classiques, ils sont déployés conjointement sur le terrain avec les unités spéciales de la police fédérale (DSU) ou les pelotons de protection, observation, appui et arrestation de la police locale (POSA) qui sécurisent les lieux d’intervention. Les membres des CET disposent dès lors d’un équipement quasi identique à celui utilisé par les unités spéciales de la police fédérale pour leurs interventions (un casque pare-balles, un gilet pare-balles, une veste pare-éclats, des gants et lunettes de sécurité).

La formation CET est entièrement développée en collaboration avec l'ANPA (l'Académie nationale de police) et des spécialistes de diverses unités spéciales de la police fédérale et locale.

Actuellement, 160 pompiers ont suivi avec succès la formation CET. Ils ont intégré les Casualty Extraction Teams et sont opérationnels :

  • 100 au SIAMU Bruxelles-Capitale,
  • 40 pour la zone de secours Liège Zone 2 IILE-SRI,
  • 20 pour la zone de secours Hainaut-Centre.

La formation CET de 20 pompiers de la zone de secours Centrum en Flandre orientale pourra reprendre dès que les conditions sanitaires le permettront et une formation adaptée est en cours d’élaboration par la zone de secours Antwerpen.

Développement d’outils innovants pour les centrales d’urgence 112 

Afin de renforcer les moyens d’intervention des centrales d’urgence 112, plusieurs outils innovants sont en cours de réalisation. Ils permettront entre autres aux différentes centrales d’échanger ou de partager plus avantageusement des informations. Ce qui leur permettra de prendre plus efficacement en charge les appels d’urgence d’une autre centrale lorsque celle-ci est soudainement submergée par de nombreux appels ou qu'elle est temporairement indisponible.